loading . . . Chez l’abeille, le « canalome » sous le feu des pesticides Alors que la sécurité des insecticides vis-à-vis des pollinisateurs, dont l’abeille domestique Apis mellifera, est évaluée par des tests de mortalité, leurs effets à faible dose sur les canaux ioniques demeurent mal connus. C’est à ce travail collaboratif qu’a participé l’équipe de Pierre Charnet, à l’Institut des biomolécules Max Mousseron, dans le cadre des programmes de recherche ANR « Bee-Channels » et « Synaptic Bee », qui visent à mieux connaître l’effet des pesticides sur le « canalome » (ensemble des canaux ioniques) de l’abeille
24.09.2025, par Romain Loury Mis à jour le 24.09.2025
Deux familles de canaux ioniques
« Parmi les canaux ioniques, on distingue deux grandes familles. D’une part, les voltage-dépendants : lorsqu’un potentiel d’action parvient au canal, celui-ci s’ouvre, les ions entrent dans la cellule ou en sortent, selon le canal », ce qui permet la transmission du potentiel d’action le long de la fibre nerveuse, explique Pierre Charnet. D’autre part, ceux activés par des neurotransmetteurs, tels que l’acétylcholine, le GABA ou le glutamate, qui permettent la transmission du signal nerveux au niveau des synapses séparant deux neurones. « Notre équipe a ainsi isolé et caractérisé plus de 80% des gènes de canaux ioniques identifiés chez l’abeille », travail rendu possible grâce au séquençage du génome d’Apis mellifera, en 2006.
Avec leurs collègues du consortium « Synaptic Bee », les chercheurs ont ensuite fait exprimer ces gènes par des ovocytes de xénope, grenouille africaine largement utilisée en laboratoire. En raison de leur grande taille (entre 1 et 2 mm), ces cellules constituent un outil idéal pour les expériences d’électrophysiologie : elles permettent de caractériser l’activité électrique de ces canaux, et les effets in vitro des insecticides sur cette activité. Cette étape est essentielle car elle permet de comparer, dans des conditions identiques, la sélectivité des insecticides sur les mêmes canaux, mais issus d’espèces différentes, tels qu’insectes ravageurs ou bénéfiques, ou encore mammifères. « Plusieurs de ces gènes se sont révélé avoir des propriétés étonnantes », constate Pierre Charnet.
« Cette caractérisation, aussi utile qu’elle puisse être, ne suffit pas à elle seule. Il faut également s’assurer du rôle que jouent ces canaux in vivo, pour mieux comprendre la sélectivité des molécules. Le modèle que nous utilisons, Apis mellifera, animal semi-domestique circulant librement dans l’environnement, est idéal pour cela », ajoute Pierre Charnet. Le consortium « Synaptic Bee » a ainsi étendu ses travaux à des neurones et des cellules musculaires isolés de l’abeille, des travaux pionniers initiés par l’équipe de Claude Collet, de l’unité de recherche « Abeilles et environnement » à Avignon (INRAE). « Nous avons par exemple été les premiers à analyser, sur l’abeille, les effets des pyréthrinoïdes sur les canaux sodiques des neurones des antennes, ainsi que ceux des diamides sur les canaux calciques cardiaques. Ces résultats n’ont pu être obtenus que grâce à la collaboration entre nos équipes, facilitée par l’ANR », explique Pierre Charnet."
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Structures of the honeybee GABAA RDL receptor illuminate allosteric modulation | bioRxiv, 26.03.2025 https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2025.03.24.644576v1 https://sco.lt/8zOn0y